La situation dramatique d’Haïti, 10 ans après le séisme qui a causé plus de 280 000 morts, 300 000 blessés et 1,3 million de sans-abris.
Petit rappel : peu de temps après la catastrophe, la communauté internationale semblait s’être organisée et des promesses financières avaient été faites : plus de 10 milliards d’euros.Hélas, comme lors d’autres évènements du même genre, les infrastructures locales avaient été détruites et les populations étaient anéanties devant l’énormité des chantiers à entreprendre.
Quelques uns ont su profiter de l’aubaine et s’enrichir sur le dos des autres : une grande partie des fonds versés ont été détournés. Aujourd’hui, presque tout reste encore à faire et les habitants s’en prennent à l’inefficacité du gouvernement dont le président s’est adjugé les pleins pouvoirs. Les manifestations sont violemment réprimées et dans les rues de Port-au-Prince des gangs de bandits rançonnent la population. Le fonctionnement du pays est totalement à l’arrêt. Aucune issue à cette situation ne semble possible sans le départ réclamé du président Jovenel Moise.
Action du CCFD-Terre Solidaire et de son partenaire Tèt Kolé (TK).
Aujourd’hui, les actions en faveur de la souveraineté alimentaire et de la paysannerie sont cruciales pour créer des emplois et assurer l’alimentation de la population, rurale à près de 60 %. Face à un contexte climatique extrême avec des périodes de sécheresses et des cyclones de plus en plus fréquents, les associations haïtiennes partenaires du CCFD-Terre Solidaire, témoignent : la population doit s’adapter à un environnement instable qui menace sa sécurité alimentaire : plusieurs fois par an, les cultures sont détruites et les troupeaux décimés.
L’association Tèt Kolé – en fait Tèt Kolé ti peyizan Ayisyen – est un mouvement paysan créé à la suite du massacre, en 1987, d’une centaine de paysans par un grand propriétaire foncier. Tèt Kolé signifie « solidarité ».
Cette association est, depuis 15 ans (2005), partenaire du CCFD-Terre Solidaire qui lui apporte, en collaboration avec Développement et Paix (Canada), un soutien sur le long terme.
TK, qui a un ancrage national sur Haïti, est au carrefour de plusieurs dynamiques :
• Agriculture paysanne et agro-écologie, permaculture avec des cultures maraîchères, système de mise en place d’accès à l’eau ;
• Formation technique des paysans ; création d’une ferme école ;
• Formation civique et politique de la jeunesse ;
• Promotion de la dignité des paysans qui sont les grands oubliés des différentes politiques menées en Haïti ;
• Questions d’économie sociale et solidaire ;
• Questions relatives à la promotion des femmes ;
• Soutien à des initiatives locales autonomes.
La personne de Tèt Kolé que nous pourrons rencontrer s’appelle Micherline Islanda Aduel.
Cette jeune femme fait partie de la coordination ALBA (Traité de commerce entre pays d’Amérique Latine) ; elle est représentante des jeunes femmes de la Via Campesina (grand syndicat paysan). Islanda est membre de TK « depuis son enfance » et termine des études de sciences politiques et juridiques pour lesquelles elle est en train de rédiger son mémoire. Elle est aussi journaliste pour la radio communautaire et a été officier de projet dans une campagne menée en faveur des femmes victimes de violences. Issue d’une famille paysanne, elle considère indispensable de soutenir les catégories les plus vulnérables pour les aider à sortir de la famine.
Au sein de TK, elle s’occupe plus spécifiquement des espaces dédiés à la jeunesse. Elle a souvent été envoyée en délégation à l’étranger, en particulier dans la zone caraïbe, comme porte-parole de l’association. Elle parle français et a soif de partager.
Ses attentes sont tout ce qui concerne l’agro-écologie, les rencontres avec des élus locaux et la formation de la jeunesse ; sur la base d’un exemple concret elle peut montrer que, même dans une situation chaotique avec un état défaillant et corrompu, on peut faire quelque chose de constructif pour la population locale.
Islanda présentera l’association Tèt Kolé et le rôle qu’elle y tient au cours d’une soirée à Ste-Bathilde le lundi 23 mars à partir de 20h30.
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