Vous n’êtes pas antillais, monsieur ?

… Petite blague qu’un vieux copain, antillais lui, me faisait cet après-midi à Saint-Sulpice… Comme chaque année le 11 novembre, les trois évêques des Antilles-Guyane y réunissent leurs ouailles exilées en métropole pour prier avec elles et leur donner les nouvelles du pays.

Lors de la messe, Mgr Emmanuel Lafont nous a partagé ces trois mots faisant écho pour lui aux textes du jour et au synode d’Amazonie dont ils viennent de sortir : charité, périphérie, idole…

Charité : saint François, fondateur du premier ordre religieux missionnaire, disait : il faut évangéliser sans cesse (avant tout et principalement par une vie remplie d’amour et du Christ), et même parfois en cas de besoin on peut utiliser la parole.

Périphérie (le mot du pape) : suite au synode, Rome fut envahi par les périphéries, les chefs indiens. À un confrère évêque triste que certains persiflent sur les chefs indiens couverts de plumes, le pape affectueux et goguenard de lui dire : ce n’est pas si grave, eux aussi parfois avec les mitres et les calottes prêtent à sourire à d’autres.

Idole : la véritable idole à laquelle nous sommes confrontés, dit Emmanuel Lafont, c’est l’argent qui mène le monde. Les chefs indiens sont venus avec divers objets que d’aucuns appelleraient idoles et qui représentent la terre mère. Avec eux et contre l’idolâtrie de l’argent, nous voulons apprendre à prélever à la terre mère seulement ce dont nous avons besoin, afin que nul ne soit dans le besoin.

Ses réflexions, tournant ensuite sur notre dépendance aux écrans dernier cri, rejoignaient celles partagées deux jours avant à sainte Bathilde sur l’engagement de la paroisse pour une écologie intégrale et l’éducation à la sobriété.

Comme l’a dit autrement Mgr Macaire à la fin de la messe, « nous, évêques des Antilles-Guyane, travaillons et prions ensemble à partir du slogan : moins de Biens, plus de Liens ». Mgr Lafont conclut : nous avons compris qu’il fallait aller vers les indiens de l’Amazone, pour l’instant nous sommes dans la pastorale de l’araignée ; installée au milieu de sa toile, attendant que les mouches tombent.

Ce souffle de liberté et d’évangile venait bien, après cette belle après-midi à Saint Germain sur « comment vivre le deuil » animée par Annick Ernoult : ça fait du bien, une spécialiste qui conseille de ne pas suivre les conseils, et d’être libre devant les injonctions d’aller bien à telle date, qui traduisent surtout la gêne que nous ressentons devant la souffrance des autres et notre besoin que tout rentre vite dans l’ordre, au lieu de faire du réel, même difficile, un ami et un allié. Bref, comme je vous bassine souvent, jamais dans l’Évangile Jésus ne dit « Moi, à ta place, je… ». Il y a sûrement une raison !.

Démenti préventif : j’entre dans mon triangle des Bermudes de novembre (retraite ACO, journée au vert de l’EAP, week-end de l’aumônerie à Dourdan). Si vous ne me voyez pas (le week-end) pendant un mois, c’est hélas normal et dû à ma nullité en matière d’ubiquité. Si on vous dit : il est parti en Australie, il est gravement malade, il boude dans un coin, il est mort, il vous aime plus, il est parti avec la caisse ou la présidente des Enfants de Marie, etc… c’est faux ! Il reviendra sur un cheval blanc pour la magnifique journée oecuménique du 8 décembre, et pendant ce temps continuera à préparer la venue de l’évêque en visite pastorale les 17-18-19 janvier : ça ce n’est pas faux, qu’on se le dise !

Père Dominique Doyhénart, curé